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France Inter – Handicap : la solution colocation

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Vivre en indépendance n’est pas chose aisée pour les personnes adultes handicapées, souvent hébergées en institution ou chez leurs parents. Depuis 2014 le Club des Six propose une alternative : des colocations inclusives.

Duarte, 22 ans, est handicapé depuis la naissance et en permanence en fauteuil. Il nous accueille dans la Villa Maya, un vaste appartement de 350 m2 qu’il partage avec 5 colocataires, à Cormeilles-en-Parisis au Nord-Ouest de Paris.

Les parties communes comprennent un grand salon, avec un coin télé, une salle à manger où sont pris les repas en commun, et une cuisine adaptée où les colocataires préparent à manger par eux-mêmes en fonction de leurs capacités.

 

« Chaque chambre fait entre 20 et 25 m2. On signe un bail classique comme dans tout appartement. Quand on arrive, on n’a vraiment que les murs. Après, c’est à nous d’aménager. Et chaque chambre possède des sanitaires individuels, avec toilettes et douche. »

Avant d’arriver à la villa Maya il y a un an, Duarte vivait en institut la semaine et chez ses parents, qui habitent la même commune, le week-end. Depuis qu’il a emménagé dans la colocation, il a le sentiment d’avoir gagné en indépendance.

« Le projet m’a tout de suite plu. Je pensais devoir vivre en foyer de vie, donc en milieu institutionnel, toute ma vie. J’ai trouvé une bonne alternative avec le Club des Six. Malgré des besoins d’aide au quotidien, je peux vivre ma vie le plus normalement possible. Et je peux voir mes parents quand bon me semble ! »

Une équipe d’aide en permanence

Pour 800 € par mois, financés par les aides dont ils bénéficient en tant qu’adultes handicapés, les colocataires sont logés, nourris, blanchis et bénéficient, grâce à la mutualisation des moyens, de la présence permanente d’une équipe d’aide.

« Le principe c’est que les colocataires fassent le plus de choses par eux-mêmes. Que ce soit les repas, l’aspirateur, la serpillère, le linge… On adapte en fonction des capacités de chaque colocataire et les intervenants sont là pour les aider. »

Quand une place se libère, les occupants choisissent leur futur colocataire, comme dans une colocation normale, explique la fondatrice du Club des Six, Maïlys Cantzler.

« Les personnes qui habitent ici deviennent locataires à l’issue de quelques séjours-test qui leur permettent de vérifier si c’est vraiment là qu’elles ont envie de vivre. Ensuite on organise une réunion de cooptation, avec tous les autres locataires déjà présents, qui choisissent si c’est bien avec ce nouveau candidat qu’ils veulent partager leur quotidien. »

Les colocations peuvent bien sûr être mixtes, au gré des candidatures. Des couples se sont parfois formés entre colocataires, se réjouit Maïlys Cantzler.

C’est à l’origine pour sa sœur, gravement handicapée après un accident de voiture, qu’elle a créé la première colocation dans le Var en 2014. Il a fallu pour cela se battre contre les législations. Entreprenante, elle a aussi fondé un groupement d’entreprises pour mener à bien les projets, pas toujours simples, notamment au plan immobilier. Aujourd’hui elle ambitionne de multiplier ces colocations.

« Quand j’ai créé la première, je n’avais pas du tout l’idée d’en créer d’autres. Aujourd’hui, on en a ouvert douze. Cinq autres ouvriront prochainement et une dizaine encore en 2023. Notre objectif c’est d’arriver à une cinquantaine de colocations d’ici 2025 et une centaine d’ici la fin de la décennie. »

Des colocations qui hébergent au maximum six personnes, comme l’indique le nom de l’association, pour ne pas être considérées comme des établissements médico-sociaux, mais qui n’ont pas de liste d’attente. Les séjours-test suffisent jusque-là pour assurer une rotation des candidat.es en attendant d’obtenir une location.

Article France Inter par Lionel Thompson

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